• Voilà! Je crois avoir vu et constaté ce qu'elle sera bientôt. Elle parle avec difficulté. Elle marche avec difficulté. Elle ne peut raisonner à plus d'un niveau. Une règle de trois est impossible. Elle oublie des choses. Elle oublie de fermer la porte du réfrigérateur. Elle quitte en laissant des ronds de poële allumés. Je prends conscience que bientôt, je ne pourrai la laisser seule. A mon esprit qui est enchainé je devrai ajouter le physique. Dois-je me laisser dépérir avec elle? Elle est de moins en moins présente. je la fais répéter des dizaines de fois. Plus de deux fois, je fais comme si j'avais compris. La plupart du temps cela suffit. Elle a passé à d'autres choses. Je suis complètement désemparé. J'entrevois l'avenir comme étant un immense nuage noir. Mon sens aigu du devoir m'oblige à continuer...


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  • J'ai essayé de lui faire l'amour. Elle ne pèse maintenant que 100 livres (45 kilos). Je me force. Je suis un hypocrite de la pire espèce. Elle est toujours fatiguée ou déprimée. Elle voit tout en noir. Son visage le reflète. J'ai pitié d'elle. Mais, je suis un homme de devoir. FAIS CE QUE DOIT. Telle est ma devise. C'est ma valeur la plus fondamentale. J'en suis prisonnier. Je vis avec un boulet au pied. Je vis avec un vent de face constant. J'aurais tant de besoin de me laisser aller.


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  • Le temps passe. Sa condition se détériore petit à petit. j'ai de la difficulté à l'entendre. J'ai passé un audiogramme pour m'assurer que mon audition était bonne. Elle l'est. J'envie les gens autour de moi qui peuvent sortir. Mon frère va à Boston à Pâques. D'autres en croisière. Certains au restaurant, au spectacle. Nous rien. Rien de rien. Rien. Je perds une grande partie de ma vie. Je la perds. Perdue, finie, kaput. Une chance que j'ai mon monde intérieur. Il est ensoleillé, gai, vivant, rieur, ouvert à tout, sensuel et sain. Mais je dois me couper du monde réel. Je dois mettre une croix sur ma sexualité, sur mon désir de communiquer mes émotions, sur mon désir de chanter, de faire l'amour en riant, de me promener la main dans la main avec un être vivant. J'ai appellé la Diane le 12 février pour son anniversaire. Je lui ai parlé 15 secondes, je lui ai laissé mon courriel. Elle était occupée et elle ne m'a pas écrit. le message est clair. J'ai rêvé de cette femme pendant 30 ans. J'avais besoin de lui parler. Mais rien. C'est le prix à payer pour une vie intérieure intense et le danger de passer de l'intérieur au monde réel. Les déceptions sont dans le monde réel. Je continue à écrire ma vie sur ce site pour m'aider à verbaliser ce que je ressens. Le Parkinson est une maladie terrible, insidieuse, hypocrite, différente pour tous, qui a des retombées importantes sur les proches. Je recommanderais à tous les Parkinsonniens de vivre seul en institution et de laisser vivre les proches. Pourquoi ruiner deux vies?


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  • Hier, j'ai vu une chose renversante. Nous venions de voir un film. Nous étions en auto. Je décide de faire une marche pour rentrer chez-moi, il faisait si beau. Je me range sur le coté du trottoir et lui cède le volant. Je débute ma marche. Je la vois me dépasser en auto. Elle demeure sur le coté droit de la rue, en passant dans toutes les flaques d'eau possibles et en arrosant les piétons qui marchaient. Une dame asiatique promenait son enfant et a été aspergée. Ma femme ne prenait pas conscience de ce qu'elle faisait. Je ne lui en ai pas parlé, elle m'aurait obstiné que ce n'est pas vrai. Aujourd'hui, je dois appeller vous savez qui. Je suis déjà nerveux. Je suis comme un adolescent en amour. J'ai peur de ne pas lui parler, de la déranger, de tomber sur un homme. Je suis anxieux. Je voudrais tant avoir une heure ou deux de franc dialogue avec elle. Sa voix me transporte. J'aimerais me vider le coeur de ce qui m'étrangle. Je me regarde vivre et me désole. Je ne sais pas vivre. J'analyse constamment mes actes, mes pensées, mes paroles, mes écrits. Tout cela sous le paradigme de ne pas faire de peine à personne.

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  • Nous (ma femme et moi) avons un rhume terrible depuis le 23 décembre 2008. J'envoie de l'argent ( 2 fois 150$) à ma fille, mère célibataire, maniaco-dépressive et alcoolique. Elle a demandé 30,000 dollars. Nous avons refusé. Nous ne travaillons plus, je suis pensionné de moi-même. C'est-à-dire que je dois utiliser l'argent économisé pour vivre jusqu'à la fin de mes jours. Sans savoir ce qui nous pend au bout du nez. Mais il est terrible pour un coeur de père de devoir dire non à son enfant qui en a besoin. Elle se dirige vers la catastrophe même si elle semble prendre sa médication et fait partie des AA. L'on ne peut que regarder. Je n'ai pas eu de nouvelles de Celle que vous savez. J'attends le jour de sa fête (12 février) pour lui faire savoir que j'existe encore. Je suis désolé de me regarder vivre ces jours-ci. Je suis un vieux de 67 ans bientôt. Sans rêves. Sans projets. Je me terre, me renferme, me recroqueville. J'attends que le ciel me tombe sur la tête. Je ne me reconnais plus.

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