Hier a été la première journée où elle a été aussi perdue. Elle est incapable de rédiger un court message à l'ordinateur. Elle ne retrouve pas les lettres sur le clavier. Elle faisait pitié à voir. Dès demain, je contacte le CLSC pour demander de l'aide. Je la crois proche de l'hospitalisation ou d'un centre de soins prolongés. Je suis si seul avec cette nouvelle situation. J'ai tant besoin de chaleur féminine à moi seul. Je n'ai pas de refuge autre qu'en moi-même. J'ai peur de ce que me réserve les prochains mois.

Suite à la perte de son permis de conduire, je fais maintenant le chauffeur. Hier, parmi les multiples déplacements quotidiens, je suis allé la reonduire à la pharmacie. Je la dépose et vais me garer plus loin pour attendre. Elle ressort rapidement de la pharmacie, se dirige vers une auto semblable qui attendait près du trottoir, ouvre la portière, s'assoit avec quelqu'un qu'elle ne connait pas, ferme la portière. Elle s'apercoit de son erreur quelques secondes plus tard. C'est long quelques secondes....Elle ressort et m'étant approché je klaxonne plusieurs fois pour qu'elle me remarque et embarque. On dirait qu'elle ne peut voir plus loin que le bout de son nez. On en a pas reparlé.

J'ai le coeur en ''bouillie''. La tristesse est rendue visible sur mon visage. Ce n'est pas moi cela. J'ai une profonde blessure, très profonde. Personne ne connaît la vitesse de la détérioration de son état. Son médecin affirme que chacun de ses malades est différent. Je ne peux qu'attendre et me garder en vie. Maudit Parkinson.

Voici où j'en suis.

Les situations stressantes sont toutes les situations où je suis présent. La voir se détériorer jour après jour me tue.

La pire situation est lorsqu’elle vient pour me donner un baiser avant d’aller dans sa chambre pour la nuit et que sa bouche est ouverte et croche Non pas par sensualité débordante, mais involontairement semi-ouverte et croche.

Je ressens alors une tristesse immense, une colère interne et dans la pire situation un dégout inapproprié.

Alors mes pensées deviennent:

1-Ma vie est terminée. Les grandes joies de la vie à deux me sont à jamais refusées.

2-Elle sent surement  ma détresse et ma réticence. Je m’efforce donc de ne rien laisser paraître. Elle est assez accablée comme cela.

 Je devrai maintenant penser comme suit:

1-     C’est un petit animal blessé qui à besoin d’aide.

      2-  Et pour le baiser; ‘’Deux secondes et c’est fini.’’

C'est une situation intenable et je ne pourrai pas continuer à jouer l'hypocrite.

Aujourd'hui, le médecin vient de lui dire qu'elle ne peut plus conduire son auto. C'est une perte monumentale pour elle. Un deuil terrible à faire.