• Hier, nous sommes allés diner pour souligner nos 50 ans de mariage. Je rappelle qu'elle est en maison de soins. Je vis seul depuis 2011. Voici le texte qu'elle m'a remis:'' Cher G...

    50 ans de vie à deux, c'est tout un bail, que dis-je, c'est une éternité, peut-être même une impossibilité. Certes, pour nous, la vie de couple n'a jamais coulé comme un long fleuve tranquille, c'est qu'il n'y a pas beaucoup d'anges en ce bas monde. On ne peut pas tout prévoir, enjamber allègrement tous les obstacles, sans que le lustre des premiers émois amoureux en soit terni et que tous ces serments à odeur d'éternité perdent leur panache, c'est la vie! Néanmoins, au cours des 50 dernières années, joies et chagrins se sont entremêlées sans pourtant jeter la structure par terre. Même aux jours les plus sombres, on a toujours tenu à se souvenir de ce 30 mai 1964, où nos destinées ont été mises sur la même route. Preuve que quelque part, on y tient à ce souvenir. Même si j'ai bien changé, je peux dire que: ''Je n'aime encore que toi''.

    Je suis un monstre. Je n'ai pas su répondre adéquatement à ce message. Pourtant, je suis attentionné, présent quotidiennement, je n'oublie pas les anniversaires, les cadeaux, les fleurs etc etc. Mais je suis bloqué émotivement. C'est physique. Elle voulait me poser une seule question avant de partir et j'ai refusé d'embarquer dans ce genre de discussion. Tout ce que je veux c'est de continuer à m'occuper d'elle, sans les émotions qui devraient accompagnés mes gestes. Je le répète, je suis un monstre au coeur de pierre.


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  • Après une journée avec sa mère en crise à la résidence, mafille Isa était au bout de ses émotions. Elle était vidée émotivement et physiquement. J'ai recu ce courriel en fin de journée de la part de son copain de vie.
     
    ''Bonsoir Mr L.
    Je vous écrit ces quelques
    mots afin de vous alléger quelque peu.  Je tiens à vous dire que je suis
    toujours présent pour Isa, surtout dans des situations émotives comme
    l'état de Mme L. Je l'écoute, j'accepte ses pleurs, je tente de la
    rassurer quand c'est possible bref, je m'organise pour qu'elle ne soit pas seule
    dans ses pensées.
    Ainsi, ne vous en faites pas
    trop lorsqu'elle pleure ou que vous la sentez triste, je m'occupe d'elle.  Vous
    en avez déjà beaucoup sur le dos.  Laissez-moi porter pour vous la charge de
    m'assurer que Isabelle soit bien et, svp, pensez à vous autant que possible et
    faites-vous plaisir le plus souvent possible.
    Sincèrement,
     

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  • Durant cette année (2012) elle a résidé dans 3 résidences. La première pour personnes autonomes, la deuxième pour personnes semi-autonomes de type familial et finalement une résidence pour personnes semi-autonomes et non-autonomes. C'est une fulgurante progression vers l'abime. Nous attendions l'évolution du Parkinson et on s'y préparait depuis 10 ans. Mais voici que le train de la démence nous frappe sans que l'on ait été prévenu. C'est l'enfer. C'est d'une tristesse inouie. Elle n'a plus sa tête la plupart de temps. Elle a un bracelet anti-fugues. Le temps des Fêtes rend impossible la rencontre avec un médecin. L'urgence des hôpitaux est inutile et dangeureux pour elle.

    C'est comme si on nous disait; ''C'est cela la maladie, il n'y a rien à faire, laissez-la vivre sa maladie, vous n'y pouvez rien''

     


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  • C'est aujourd'hui qu'elle a décidé de vivre dans une résidence de type familial. Ce sera tout un changement. Il y a 20 personnes âgées dans cette résidence. Tous les soins y sont prodigués. La sécurité est complète. L'assistance est présente à tout moment. Sa famille pourra respirer en paix. Mais elle, comment s'adaptera-t-elle? Je voulais ma liberté. Je l'ai. Que ferais-je avec? Je continuerai à veiller sur elle et à pourvoir aux besoins que la résidence ne peut combler. Je crois que probablement cet épisode marquera la fin de ce blogue. Il aura servi à montrer le dur cheminement et les conséquences sur la vie des proches que nous fait vivre le Parkinson.


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  • Nous avons recu la lettre confirmant qu'elle ne peut plus vivre seule en résidence autonome. Cette lettre me rend triste. C'est le début de la fin d'une vie active. C'est la chaise bercante. C'est la proximité de gens malades. C'est la vie dans une chambre ou presque. C'est ne plus gérer ses affaires. C'est ne plus magasiner seule. C'est ne pas aller au cinéma. C'est ne plus aller au théâtre ou au concert. C'est d'attendre la mort. Il y a une différence entre ne pas vouloir s'enfermer avec elle dans son cercueil et l'aider à se barricader dans une chambre d'hospice.

    C'est une date importante et triste.

     


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